Bénin : Les avocats de Boko et Homeky face à un dilemme juridique alors que la CRIET persiste dans sa position
Le procès de   Olivier Boko et de l’ex-ministre Oswald Homeky, accusés de tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon, reprendra le mardi 28 janvier 2025 devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Une audience qui s’annonce sous tension, alors que la défense, confrontée à un dilemme juridique, tente de faire valoir ses arguments face à une Cour qui, selon elle, persiste à ignorer des dispositions légales essentielles.

Des avocats contraints au retrait face à des irrégularités

L’ouverture du procès le 21 janvier dernier avait été marquée par une tension palpable. La défense des accusés a soulevé une objection majeure quant à la composition de la Cour siégeant en matière criminelle, soulignant que celle-ci ne respectait pas l’article 254 du Code de procédure pénale béninois. Cette disposition stipule que la formation criminelle doit être composée de cinq juges, incluant un président et quatre magistrats assesseurs. Or, la Cour, en siégeant avec seulement trois juges, a suscité des inquiétudes quant au respect des droits de la défense et à l’équité du procès. Devant ce qu’ils considèrent comme une violation manifeste des règles de procédure, les avocats d’Olivier Boko et d’Oswald Homeky ont pris la difficile décision de se retirer du dossier. Une démarche qu’ils qualifient non pas de désertion, mais de respect de la légalité et d’attachement aux principes fondamentaux du droit à un procès équitable.

Une détention qui complique la défense

Les accusés, détenus à la prison civile de Missérété, ont exprimé leur difficulté à assurer convenablement leur défense en raison des conditions restrictives de leur détention. Olivier Boko a notamment dénoncé un isolement de 24 heures sur 24, limitant sa capacité à communiquer avec ses avocats et à préparer sa défense de manière optimale. Cette situation a conduit le procureur spécial Mario Mètonou à solliciter un report de l’audience afin de permettre aux prévenus de constituer une nouvelle équipe de défense, ce qui a été accordé par la Cour. Cependant, selon des sources judiciaires, les avocats initialement constitués envisagent de reprendre leur place dans le procès, tout en maintenant leurs réserves quant à la régularité de la procédure engagée.

Un procès sous haute tension juridique

Au-delà des accusations de complot contre l’autorité de l’État, de corruption d’agent public et de faux certificats, le procès d’Olivier Boko et Oswald Homeky s’impose comme un véritable test pour la justice béninoise. La CRIET, critiquée à plusieurs reprises pour sa gestion des affaires politico-économiques sensibles, est confrontée à des critiques  sur sa rigueur procédurale et son impartialité.

Enjeux et perspectives

Alors que la date du 28 janvier approche, les regards sont tournés vers la CRIET, qui devra répondre aux préoccupations soulevées par la défense pour éviter un nouveau report du procès. La question de la régularité de la composition de la Cour reste au cœur des débats et pourrait influencer le déroulement des audiences à venir.  

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